dimanche 15 septembre 2013

50 ans de Jura



Cet été, la bien nommée Isle of Jura, l'unique distillerie de l'île de Jura, située à peu de distance au nord-est de l'île d'Islay, fêtait le 50e anniversaire de sa réouverture. Pour l'occasion, avec la complicité de The Whisky Wire, cinquante fans et bloggers étaient conviés à une dégustation en ligne exceptionnelle. J'étais de ceux-là !

Résumé de cette mémorable soirée :

17 mai 2013
Une enveloppe, contenant cinq échantillons, arrive à mon domicile. Quelques gouttes se sont échappées de l'un d'entre eux mystérieusement nommé 39 3/4. Une odeur douce aux relants de figues séchées annonce les prémices d'une dégustation qui promet d'être grandiose.




30 mai 2013 - 19:30
Après une journée de travail bien remplie et un retour à la maison sous un bel orage, il est temps de se préparer. Cinq verres à dégustation Glencairn, un verre supplémentaire pour l'eau, une carafe remplie d'eau de source, une pipette, une fenêtre de mon navigateur web calé sur mon compte Twitter et une seconde sur le "hashtag" qui me permettra de suivre et de participer à la dégustation de ce soir : #Jura50TT.

30 mai 2013 - 20:00
Après une brève introduction et un salut à tous les intervenants, nous commençons avec Jura Turas Mara. À 42 %, ce Jura réservé au Duty Free est un assemblage de pas moins de quatre types de fûts différents : Bourbon du Kentucky, Xérès espagnol, chêne français et fûts de Porto. Turas Mara (Long Voyage en gaélique) est inspiré des Diurachs (nom des habitants de l'île) qui furent obligés d'émigrer, notamment aux États-Unis et au Canada, aux XVIIIe et XIXe siècle.
J'y décèle des notes d'agrumes, de bois, d'épices, de fruits secs (figues) et de fruits confits enrobés de chocolat (orangettes). Quelques minutes plus tard, ce sont d'évidentes notes de pâte d'amande et de pain d'épices au miel (ceux que l'on trouve sur les marchés de Noël en Alsace) qui émergent.
Après Elixir et Prophecy, Turas Mara est la troisième expression de Jura que j'ai pu goûter jusqu'à présent. Elle est complètement différente des deux autres, plus riche et bien plus à mon goût. C'est un malt crémeux et chaleureux en bouche, à la finale un peu courte qui invite à se resservir.

Nous passons ensuite au Jura 30 ans Camas an Staca (Pierre Dressée en gaélique). Le premier nez est incroyable ! Monstrueusement marqué par le parmesan. Cette impression s'estompe petit à petit en laissant au nez un je-ne-sais-quoi de métallique. Ce 30 ans a besoin de temps pour s'ouvrir. Après quelques minutes, des arômes de raisins macérés dans le rhum apparaissent clairement, aussi bien au nez qu'en bouche. Puis ce sont des notes de vernis et de cuir. Je comprends maintenant pourquoi cette distillerie à tant de fans.

Il est temps de passer à la grande nouveauté de cette année, le Jura 1977 Juar (nom gaélique de l'if — symbole d'immortalité et de régénération). Vieilli dans trois fûts de bourbon de premier remplissage avant d'être affiné 12 mois en fut de Porto. Exit le côté brut du 30 ans, place à l'élégance et à la douceur. Le 1977 est un feu d'artifice de fruits, à la fois frais et juteux ou cuits en compote (prunes, poires, bananes, mangues…), accompagnés de caramel vanillé et de réglisse. Nous sommes assez loin de l'impression que j'en avais eu lorsque Willie Tait, ambassadeur de la distillerie, m'avait fait goûter un pré-embouteillage en septembre dernier, lors du Whisky Live Paris. Je le qualifierais de crème brûlée liquide à la vanille de Madagascar et au jus caramélisé de fruits tropicaux. Suite à mes diverses expérience d'associations whisky et fromage, j'ai l'idée de tenter le mariage du Jura 1977 avec un comté fruité affiné 18 mois. Un pure délice !

La quatrième expression dégustée ce soir est le Jura Delmé Evans. Une édition spéciale brut de fût de 2007, limitée à 757 bouteilles. Vieilli en fûts de chêne blanc américain et fini en fût de Xérès Oloroso, ce single malt est un hommage à Monsieur Evans, l'architecte qui contribua à reconstruire les alambics de la distillerie en 1963. Influencé par le Xérès, les notes d'Oloroso sont très présentes. C'est une expression que je qualifierais de "viandarde". Marqué par le bois, les épices, les grains de café fraichement moulu, la marmelade… La première gorgée est somptueuse. Il m'en faut une bouteille* !

Dernière expression de cette soirée riche en découvertes, un Jura au mystérieux patronyme : 39 3/4. Il s'agit, en fait, du futur 40 ans d'âge qui ne verra pas le jour avant le printemps 2014. Vieilli en fût de Sherry (Xérès) de second remplissage durant 39 ans, il finit actuellement sa dernière année d'affinage dans un fût d'Amoroso. C'est un de ces whiskies dont l'âge est nettement perceptible sans pour autant que la qualité en pâtisse. À la fois riche et complexe, sans être trop marqué par le bois. C'est un pot pourri de fruits secs (figues, abricots, raisins, pruneaux) et de cake aux fruits confits saupoudré de fines épices. Un délicieux whisky à siroter en fin de soirée. J'espère pouvoir déguster l'embouteillage officiel, l'année prochaine, peut-être, au Whisky Live…

* Après avoir avidement cherché, puis trouvé (merci Yoav !), une bouteille de Jura Delmé Evans, sur le Net, j'ai finalement réussi à en remporter une (pour un prix fort raisonnable) sur un site de vente aux enchères spécialisé dans le whisky.


Malheureusement pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient tenter l'expérience, une de ces expressions est réservée aux Duty Free (Turas Mara), une autre est épuisée (Delmé Evans) et, pour les trois autres, il faudra avoir un compte en banque relativement bien garni. Comptez pratiquement 500 € pour le 30 ans et 750 € pour le 1977. Le prix du futur 40 ans n'est pas encore fixé, mais il y a de grandes chances pour qu'il dépasse les 1000 €. Réponse au printemps 2014.

Un grand merci à Steve "TheWhiskyWire" Rush et à la distillerie de Jura pour cette dégustation de haut vol qui m'a définitivement réconcilié avec le whisky de l'île aux trois Paps**.

** Les Paps sont les trois monts situés sur la côte ouest de l'île de Jura.

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