mardi 29 novembre 2016

Retour sur France Quintessence



Pour la deuxième année consécutive, Franck Poncelet et Philippe Jugé (ancien rédacteur en chef de Whisky Magazine et auteur du Whisky pour les Nuls) organisaient, début septembre, LE salon indispensable à tout amateur de spiritueux qui se respecte : France Quintessence. La particularité de cet événement ? N'être consacré qu'aux seuls spiritueux français. Entre anisés, Armagnac, Calvados, Cognac, eaux de vie de fruits, gin, rhum et whisky, l'hexagone produits pléthore de boissons alcoolisées distillées de qualité et ce salon est le lieu idéal pour découvrir le savoir faire de leurs créateurs.



C'est au Pavillon Ledoyen, à deux pas du rond point des Champs Elysées, que s'est tenu les 11 et 12 septembre dernier la seconde édition de France Quintessence qui rassemblait 90 marques exposantes, venus des 6 coins de l'hexagone (mais aussi de Corse et des DOM-TOM), proposant à la dégustation 400 spiritueux, lors de conférences ou masterclasses ou, plus simplement, sur des stands individuels, dans une ambiance chaleureuse et conviviale. On pouvait y découvrir des curiosités, comme La Capricieuse, une liqueur au lait de chèvre ou des cocktails concoctés par Stephan Martin du bar À la française. Faute de temps, mon tour d'horizon s'est principalement axé sur les whiskies et les Cognacs, mais pas uniquement…



Mon tour de France (Quintessence) débute par une curiosité aux notes de bonbons Haribo (fraises Tagada, Crocodiles en gelée, Dragibus, etc.) et de Carambar. Les lecteurs de La Soif du Malt auront certainement reconnu le Brenne, un whisky distillé dans la région de Cognac, qu'Allison Patel, créatrice New Yorkaise de la marque, est venue présenter pour la seconde fois à Paris. Malheureusement, elle n'avait pas avec elle son Brenne 10 ans, lancé quelques mois plus tôt dans la Grande Pomme. Espérons qu'elle nous en réserve un lot pour l'année prochaine.



Un simple demi-tour sur moi-même me fit atterrir sur le stand Bercloux (un whisky distillé en Charente Maritime) sur lequel Philippe Laclie présentait ses deux nouveautés : un single malt vieilli 6 mois en fût neuf et affiné 3 mois en fût de pineau des Charentes ainsi qu'un single malt tourbé, âgé de 6 mois. Les deux sont superbes pour leur jeune âge, goûtus, ronds en bouche, avec une belle approche céréalière (la tourbe en plus pour le second). Vivement les premiers whiskies qui devraient être de toute beauté.

Un peu plus loin, direction l'Alsace où Jean Metzger, de la distillerie Bertrand, est venu avec son Biersky et quelques whiskies dont son tout nouveau Uberach RTT (56,8 %) aux notes de noyaux de cerises et à la finale toute en douceur, probablement due à la petite dose de single cask #105 (vieilli plus de 12 ans en fût de Banyuls) entrant dans son assemblage.



Un détour vers la Bretagne me permet de découvrir la Fine de Bretagne (eau de vie de pomme) version Lambig et Cuvée Étoile, plus complexe et subtile, produite par Warenghem (dont vous connaissez forcément la gamme de single malt Armorik).



Retour en Alsace sur le stand Lehmann sur lequel Yves Lehmann lui-même me fait re-découvrir son Elsass Whisky Gold (médaille d'or au Concours Général Agricole pour la troisième année consécutive, excusez du peu !) et surtout, son Elsass Premium vieilli 8 années en fût de Sauternes (médaille d'argent au CGA "seulement" mais, à mon avis, bien plus intéressant que le Gold), une vraie "tuerie" ! De plus, sous ses airs tranquille et discret, l'homme respire la passion à plein nez, ce qui n'est pas pour me déplaire.



Direction les Alpes pour un petit tour d'horizon des nouveautés du Domaine des Hautes Glaces et sa certification Bio*. Outre les désormais traditionnels Moissons (jeune whisky single malt) et Vulson (réalisé à partir de seigle), le nouveau Ceros, un single Rye single cask embouteillé à 53,3 % vieilli en fût de vin jaune (noté 89 par Serge Valentin) est une vraie réussite. Le Vulson Rhino's Pastoral, une eau de vie de seigle non vieillie aromatisée aux herbes locales (génépi, menthe, carvi et fenouil sauvage) ravira les papilles des amateurs de produits plus typiques des régions montagnardes.



Pour me refaire le palais, je monte à l'étage afin de découvrir des accords mets et Cognac concoctés par le chef Tomy Gousset. L'accord truite fumée/radis noir/Cognac VSOP est sympathique mais est largement surpassé par la bouché d'Ossau-Iraty et sa perle de confiture de griotte arrosé au Cognac XO. Une preuve supplémentaire que les spiritueux s'accordent merveilleusement bien avec le fromage.



Retour dans les Charentes avec les Cognacs Deau dont le XO (un assemblage Fin Bois et Petite Champagne de 15 ans d'âge en moyenne) est doux, rond en bouche, avec d'évidentes notes de caramel sur la finale. Le Black, au design moderne et raffiné (un assemblage de Petite et de Grande Champagne), un peu plus jeune que le XO, est frais en bouche avec une finale sur le rancio et le caramel légèrement brûlé.



Chez Bâche Gabrielsen, dont le sublime Sein de Dieu a laissé un souvenir impérissable à mes papilles gustatives, on présentait le tout nouveau American Oak vieilli en deux temps : tout d'abord dans de traditionnels fûts de chêne du Limousin, puis en fûts de chêne américain (du Tennessee) neufs, fabriqués en France selon les caractéristiques souhaitées par le maître de chais (une première à ma connaissance). Un Cognac un peu trop sucré à mon goût, mais qui devrait plaire à une majorité de buveurs occasionnels. Plus intéressante était cette collection Pure & Rustic, composée de quatre flacons de 35 cl aux noms évocateurs de leur nature gustative : Secret Garden, Fruity Harvest, Golden Wood et Spicy Trip (ce dernier étant de toute beauté et bien plus complexe que les trois autres). Vendu uniquement par pack, C'est un merveilleux outil didactique qui permettra aux curieux d'entrer dans l'univers du Cognac et d'en découvrir les différents aspects pour un tarif relativement abordable.



Pour finir en beauté ce rapide tour des Charentes, rien de tel qu'une petite verticale des Cognacs millésimés Grosperrin, menée de main de maître par Guilhem Grosperrin. De la Folle Blanche 2003 au Bon Bois 1961, en passant par le Fin Bois 2001 certifié Bio et un Bois Ordinaire de l'Île d'Oléron 1989, puis un Grande Champagne 1977 et un Petite Champagne 1973 brut de fût (60,3 %) pour terminer, plus tard, au calme de mon foyer, avec des papilles reposées de cette après-midi de dégustation, avec un Borderie distillé en 1948 dont on pourrait passer des heures à humer les arômes. Un vrai plaisir épicurien !



Pour finir ce petit tour de France Quintessence, direction la Lorraine, chez Rozelieures, où je me laisse tenter par une petite mirabelle fraîche et fruitée plutôt que par les whiskies que je connais déjà très bien pour avoir chacune des quatre bouteilles de leur gamme dans ma cave.

Au final, j'aurais aimer avoir plus de temps pour arpenter les allées de ce petit salon à taille humaine où la convivialité et la bonne humeur règnent en maîtres et sur lequel les découvertes sont nombreuses et parfois surprenantes.

Rendez-vous le 10 septembre 2017 pour les particuliers et le 11 pour les professionnels, pour la troisième édition de France Quintessence.

* Pour rappel, la ferme/distillerie cultive elle-même ses céréales et procède à toutes les étapes de production, y compris le maltage, sur place.

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